Spostamenti #46 | Renée Vivien

a cura di Giovanna Frene
da L’ardente agonia delle rose. Antologia poetica (Marco Saya, 2023)
traduzioni di Raffaela Fazio
anteprima editoriale


Stanchezza

Dolce e grande il sonno mi attende stasera…
Tirate le tende, le porte tenetele chiuse.
E più di ogni cosa, il sole non fatelo entrare!
Mettetemi intorno la sera bagnata di rose. 

Sul candore di un fondo cuscino posate
quei fiori spenti dall’assillante odore.
Nelle mie mani, su cuore e fronte ponete
i pallidi fiori dall’amoroso tepore.
 
“Di me nulla rimane …” dirò molto piano,
“Riposa l’anima infine… pietà di quella!
Possa ella dormire un’eternità almeno!”
Io dormirò stasera nella morte più bella.

Si spoglino i gigli, le tuberose, ogni fiore. 
Si spenga, consunta, davanti a porte chiuse,
l’eco remota, infelice, dei pianti di allora. 
Ah! Eterna sera! La sera bagnata di rose!

Lassitude

Je dormirai ce soir d’un large et doux sommeil…
Fermez bien les rideaux, tenez les portes closes.
Surtout, ne laissez pas pénétrer le soleil.
Mettez autour de moi le soir trempé de roses.

Posez, sur la blancheur d’un oreiller profond,
De ces fleurs sans éclat et dont l’odeur obsède.
Posez-les dans mes mains, sur mon cœur, sur mon front,
Les fleurs pâles au souffle amoureusement tiède.

Et je dirai très bas : « Rien de moi n’est resté…
Mon âme enfin repose… ayez donc pitié d’elle…
Qu’elle puisse dormir toute une éternité. »
Je dormirai, ce soir, de la mort la plus belle.

Que s’effeuillent les fleurs, tubéreuses et lys,
Et que meure et s’éteigne, au seuil des portes closes,
L’écho triste et lointain des sanglots de jadis.
Ah ! le soir infini ! le soir trempé de roses !

Professione di fede

Amo l’aprile e l’acqua, arcobaleni e luna,
amo ciò che muta, inganna e fugge via.
Il mio riso è incostante come la fortuna.
Figlia della notte, quel che dico è bugia.

La notte sa ch’io sono sua tenera figlia.
Nei boschi assopiti lei piano mi conduce.
Mi dà il più fine udito, che ascoltando coglie
come in un sogno acuto i passi dei nemici.

La notte è da sempre magnifica e clemente,
da lei imparo, neri, i sentieri della fuga.
Il suono dei miei passi lei smorza sulla menta
e l’ombra là è dolce come un ricordo vago.

M’insegna dolce sprezzo per qualsiasi fretta, 
sguardo distaccato, sacro orrore del rumore…
Avendo il cuore colmo, io la mia Dea adoro
insondabile e nera: la Notte, la perfetta. 

Profession de foi

J’aime l’avril et l’eau, l’arc-en-ciel et la lune,
J’aime tout ce qui change et qui trompe et qui fuit.
Mon rire est inconstant autant que la fortune,
Et je mens, car je suis la fille de la nuit.

Et la nuit reconnaît en moi sa fille tendre.
Elle me fait venir dans les bois endormis
Et me donne l’ouïe exquise pour entendre,
Comme en un songe aigu, les pas des ennemis.

La nuit me fut toujours magnifique et clémente,
J’appris d’elle les noirs chemins où l’on peut fuir.
Elle amortit le bruit de mes pas sur la menthe
Où l’ombre est douce autant qu’un léger souvenir.

J’obtins d’elle le doux mépris de ce qui presse, 
Le regard détourné, la sainte horreur du bruit…
Étant comblée ainsi, j’adore ma Déesse
Inconnaissable et noire et parfaite, la Nuit.

Nuziale

Fra breve lei verrà, la donna che io amo!
Il suo ondeggiante velo ha ampiezze signorili… 
Chi sa tra voi cantare, canti un bel poema…
Spargete mille fiori, corolle e boccioli,
sul viottolo lucente di colei ch’io amo.

Verrà verso di me, bianchissima, la sera
la donna che tra tutte io talmente adoro!
Ha il dono di vestirsi, muoversi e andare
come fa un’anima, senza alcun rumore…
Il suo leggero passo è incanto nella sera!...

Chi mai dirà la grazia di colei che viene, 
tenendo tra le mani, tenere, il mio cuore?
Il viso è perfetto, il suo corpo il più ameno.
Non teme il suo occhio le ombre del futuro.
Sa bene che io l’amo, arriva, a me viene...

Vergini in attesa, le torce siano spente!
Come un ornamento mettete a lei intorno 
l’ombra che abbellisce, dolce, i lineamenti,
più fondo fa lo sguardo e puro ogni contorno…
La sento… Sta arrivando... le torce siano spente!

Nuptiale

Elle viendra tantôt, cette femme que j’aime !
Son voile aux plis flottants a de nobles ampleurs…
Vous qui savez chanter, chantez un beau poème…
Et parsemez de fleurs et de fleurs et de fleurs
Le chemin lumineux de la femme que j’aime.

Elle viendra vers moi, très blanche dans le soir,
Cette femme que j’aime entre toutes les femmes !
Elle a le don de se vêtir et se mouvoir
Et de marcher sans bruit ainsi que font les âmes…
Combien son pas léger est charmant dans le soir !…

Qui dira la beauté de Celle qui s’approche
Et m’apporte mon cœur entre ses tendres mains ?
Son visage est parfait, son corps est sans reproche,
Son regard ne craint pas l’ombre des lendemains,
Elle sait que je l’aime, Elle vient et s’approche…

Vierges qui l’attendez, éteignez les flambeaux,
Disposez autour d’elle ainsi qu’une parure
L’ombre douce qui rend les visages plus beaux,
Le regard plus profond et la ligne plus pure…
Je l’entends… Elle vient… Éteignez les flambeaux.

Il tradimento dello sguardo

Sotto palpebre scure, il tuo sguardo è in agguato.
Là, ingannatore, si apposta a tradimento…
E dentro i miei occhi lui spia in segreto 
passaggi di ombre... Mi bracca inclemente.

Per questo ho timore del tuo sguardo astuto… 
È bruno e profondo il tuo sguardo insincero!
Ti vedo diversa, confusa, stordita…
Ti amo... Ed è tardi… È tardi davvero? 

Traîtrise du regard

Ton regard embusqué sous tes paupières sombres
Guette… Ton faux regard est là, traîtreusement…
Il épie, en secret, le passage des ombres
Dans mes yeux… Il me guette, inexorablement.

J’ai peur de ce regard sournois… Ô perfidie
De ton regard profond et brun, de ton regard !
Je te vois maintenant différente, étourdie,
Oublieuse… Et je t’aime… Il est trop tard… Trop tard ?

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